jeudi 25 septembre 2008

El Registrador

2 Où les choses se compliquent.

En désespoir de cause nous nous précipitâmes alors dès le lendemain chez l’ex-notaire de nos ex-compatriotes dans l’espoir que celui-ci pourrait nous délivrer des griffes de El Registrador en produisant comme par miracle une copie de ces foutus passeports. Autre désillusion, tous les documents se référant à cette année avaient déjà été éliminés. Nous repartîmes penauds et complètement anéantis par une dissertation sur les mystères de la loi péruvienne en matière de transaction de véhicule.

Au fil du temps El Registrador était devenu pour nous comme une sorte de grand Inquisiteur, ayant le pouvoir absolu et arbitraire de déterminer si nous pouvions ou non posséder un carro. La nuit il hantait mes rêves sous la forme d’un juge sévère et sourcilleux ; je me débattais dans des couloirs infinis, aux prises avec des procédures incompréhensibles dignes de K.

Notre seul espoir résidait dans l’Ambassade. Nous nous y rendîmes tremblants à l’idée d’un refus, car c’était là notre dernière cartouche, et nous le savions. Nos compatriotes avaient disparu vers de nouvelles aventures planétaires, le notaire nous fuyait comme la peste, nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes. Mais cette fois-ci le vent semblait avoir tourné, une secrétaire d’une efficacité redoutable nous rédigea en quelques minutes un document surréaliste mais hautement officiel prouvant que nos compatriotes étaient bien nos compatriotes, et muni de ce précieux papier nous partîmes en direction de la demeure de El Registrador, plein d’inquiétude à l’idée de le rencontrer personnellement, mais convaincus de la nécessité de le faire pour clarifier ce long malentendu et apaiser ainsi sa colère divine en donnant preuve de notre bonne volonté. Il restait deux semaines avant la date limite.

1 commentaire:

The Major a dit…

"Notre seul espoir résidait dans l’Ambassade": Ca ressemble à une tragédie grecque.