mercredi 15 octobre 2008

Déserts



Nous revenons de passer quelques jours dans le désert. Une forme d’hommage intime à Le Clezio, au Petit Prince ou à Capdevielle peut-être qui ont tous trois, et sur des modes différents marqué ma jeunesse. Plus simplement, je crois, un attrait irrésistible que cet espace si vide où l’on se sent si plein exerce sur moi.




Pour aller dans le désert il suffit de quitter Lima. Dans cette ville trépidante de plus de 8 millions d’habitants, au climat humide et grisâtre, à l’urbanisation sauvage et galopante, on oublie très facilement de se trouver en plein désert, pourtant il s’agit après Le Caire de la plus grande ville au monde construite dans le désert.

En ville cependant pas un grain de sable, le jaune n’existe que sur les taxis les plus officiels et le soleil ne se voit jamais, mais si on prend la direction du sud, ou du nord, après quelques interminables kilomètres au milieu de périphéries miséreuses, les baraques des derniers arrivants s’espacent lentement, leur densité ne suffit plus à recouvrir chaque mètre carré de terrain en une accumulation cubique, elles finissent par se concentrer sur la bande côtière et le sable apparaît. Pour ne plus disparaître.



Le désert surgit aussi soudainement que la ville, les tous derniers abris de fortune sont de frêles constructions de tôle et de carton plantées dans le sable des premières dunes. Puis c’est le désert. Comme tous les déserts, un désert habité. Des femmes et des enfants, surgis de nulle part, attendent patiemment sur le bord de l’autoroute un autobus qu'eux seuls parviennent à identifier parmi les dizaines qui parcourent en tous sens la Panamericana. Des groupements de baraques fantomatiques et multicolores trônent au milieu de plaines infinies. Un homme absorbé, marche, le long de la route, vers Dieu sait où dans un espace soudainement devenu immense. Sur des centaines de kilomètres ce paysage s’enchaîne, monotone et fascinant à la fois.




Quand on rentre à Lima, on revient du désert, et cela semble aussi irréel que si on rentrait d’une balade sur la lune.





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